Frappe en or « Marianne » : l'un des plus beaux symboles monétaires de la France

Marianne : l'emblème de la république triomphante 

C’est en 1898 que Jules-Clément Chaplain (1839-1909), un des sculpteurs et graveurs-médailleurs les plus renommés de son époque avec Louis Oscar Roty (1846-1911), l’auteur de la Semeuse, crée un nouveau portrait de Marianne, la fi gure allégorique de notre pays depuis la Révolution de 1789. Le motif est alors utilisé sur l’avers des pièces françaises de 20 francs Or afi n de réaffi rmer la continuité entre l’éphémère Première République des sans-culottes (1792-1804) et la IIIème République (1870-1940), qui est, en 1898, devenu un régime pérenne et légitime, après avoir connu des débuts diffi ciles suite à la chute du Second Empire.

La nouvelle figure représentant Marianne est créée dans les codes de l’Art Nouveau, style que Jules-Clément Chaplain a contribué à développer dans le domaine de la gravure de médailles. Représentée en buste, de profil, tournée vers la droite, la personnifi cation féminine de notre pays est coiffée d’un bonnet phrygien décoré d’une couronne de feuilles de chêne. Les traits de son visage sont réguliers, apaisés ; quelques mèches de ses cheveux se dégagent librement de sa coiffure. Elle symbolise la France de la Belle Époque, prospère et au faîte de son pouvoir et de son infl uence dans le monde. Au tournant des XIXème et XXème siècles, le pays s’est en effet ancré défi nitivement dans la République et la démocratie. Il est également riche d’un empire colonial qui est le deuxième au monde, après celui de la Grande-Bretagne, et le Franc Or rayonne dans toute l’Europe - sa solidité est à la base du système de l’Union monétaire Latine auxquels de nombreux pays sont associés. En 1898, les tensions qui mèneront à la Première Guerre Mondiale sont encore loin ; la Marianne de Jules-Clément Chaplain se projette donc sereinement vers un avenir stable.

Ce superbe motif de l’icône républicaine française, présent sur les pièces de 20 Francs Or émises jusqu’en 1914, connaîtra une seconde vie entre 1951 à 1960 lors de la refrappe dite « Pinay » de ces monnaies.